lundi 29 mai 2017

"120 battements par minute" et la mémoire revient...


Qui aurait pu imaginer une seule seconde qu'un film serait fait sur Act-Up un jour ?

Qui aurait pu imaginer une seule seconde que ce même film serait récompensé d'une si belle manière un jour à Cannes ?

Je pense à tous mes ami(e)s disparus, trop nombreux, qui de là-haut doivent se dire que du chemin a été fait, que nous ne sommes pas encore tout à fait au bout de ce chemin mais que nous nous en approchons.

J'ai hâte de voir ce film, j'ai hâte de ressentir des émotions qui m'ont habitées pendant tellement longtemps jusqu'à ce qu'un embryon de solution arrive.

Arrivé au début des années 90 à Paris, en pleine période noire où le week-end, le choix était : Le crématorium du Père Lachaise ou celui de Saint Denis...

Cette époque où tu voyais tes amis le samedi et on t’annonçait le lundi qu'ils n'étaient plus là...

Ces moments où baiser, faire l'amour, s'envoyer en l'air pouvait être dangereux.

Mais cette époque où nous nous amusions pour de vrai car le lendemain nous pouvions peut-être ne plus être là. La fête était là et côtoyait tous les jours, tous les soirs, tous les week-end la mort, nous nous moquions d'elle, nous jouions avec elle pour mieux lui dire qu'elle ne nous aurait pas.

Je n'ai jamais participé à l'aventure Act-Up, j'étais chez les Soeurs de la Perpétuelle Indulgence, surement l'attirance pour les paillettes et les talons mais nous avons travaillé ensemble, souvent, parce que c'était notre seul solution possible : travailler ensemble pour combattre ce mal sinistre qui s'attaquait au fondement même de l'humanité : l'amour.

Je suis ému que "120 battements par minute" ait reçu ce prix car cela me replonge dans ce passé pas si lointain mais si important, ce passé que les "petits jeunes", comme je les appelle, ne mesurent pas.

Ce film sera là pour ne jamais oublier ce que nous avons subi, combien nous avons souffert et combien cette saloperie si présente encore aujourd'hui ne doit pas se résumer à une pilule miracle par jour.

Ce soir, je pense en particulier à trois personnes fondamentales parmi toutes celles qui sont là-haut : Stéphie de la chambre n° 10 de Corrençon, Nadia de Montpellier (tes appels me manquent toujours aujourd'hui) et Soeur Lola du Rêve de l'Ange, ma marraine chez les SPI. Merci à toutes les 3.

Il y a une chose positive que ces moments difficiles m'ont apportée : Des rencontres. Des rencontres totalement improbables, étonnantes, structurantes, essentielles. Je n'en citerais que 3 (même s'il y en a évidemment beaucoup d'autres) :
-Mon meilleur ami depuis presque 20 ans : Sidarta Honnoré
- Mon pilier idéologique : Juan Carlos Garcia Berrio.
- Ma référence morale : Vincent Gaudré...
3 parmi tant d'autres. Ces 3 là sont mes béquilles, mes "remonte-moral", mes pensées positives.

Les mots viennent et doivent s'arrêter. Alors : Point.

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