mercredi 15 mai 2013

Lettre ouverte à Christine Boutin

Lettre ouverte à Christine Boutin de Benjamin Lemaire

Je ne vous aime pas Christine Boutin.
Je me rappelle avoir entendu parler de vous pour la première fois en 1998. J’étais devant ma télé en train de zapper. Vous aviez les larmes aux yeux. Vous étiez énervée. Moi j’avais 13 ans et je ne comprenais pas trop pourquoi. J’avais du mal à saisir l’entièreté du débat sur le PACS. Je trouvais ça normal qu’un garçon puisse s’unir avec un autre garçon. C’était mon rêve à moi, d’avoir un amoureux, comme les gens de ma classe avait une amoureuse. Je me rappelle des mots que vous aviez eu. Je me rappelle que vous trouviez que ce n’était pas dans la norme, l’homosexualité. C’était la première fois que je mettais un mot sur des désirs qui jusqu’ici ne me posaient ni problème ni questionnement. C’est à cause de vous que j’ai commencé à me poser des questions sur ma normalité. C’est à cause de gens comme vous que je n’ai jamais osé aborder un garçon pendant 20 ans. C’est à cause du comportement des gens qui veulent protéger la société que je m’en suis exclus. Que je m’y suis perdu, comprenant que je n’y avais pas vraiment ma place. Preuve en était : je ne voyais pas autour de moi des garçons qui aimaient des garçons. Je me suis senti seul. Mal aimé. Sans amour. Différent. Je n’ai même pas été amoureux. J’en n’avais pas envie.
J’ai pleuré.

Où placera-t-on la frontière, pour un enfant adopté, entre l’homosexualité et la pédophilie ?

Je ne vous ne vous respecte pas Christine Boutin.
Vous refusez le progrès, cachée derrière votre Bible, et allez à l’encontre de toute évolution. Dieu n’a pas créé Adam et Eve. Dieu a tout au plus tenté comme La Fontaine de créer des fables et des paraboles de manière à ce que n’importe quel abruti dans votre genre puisse les comprendre. Mais c’était déjà trop compliqué pour vous. Vous vous attelez, selon vos mots, à « respecter la dignité de toute personne humaine » en refusant aux femmes le droit de garder un enfant ou non, et aux humains le droit de mourir quand ils le souhaitent. Vous refusez l’égalité, valeur pourtant républicaine, aux personnes ayant une sexualité différente de votre conception rigide pour d’obscures raisons religieuses, oubliant que l’Eglise n’est plus liée à l’Etat depuis plus d’un siècle. Je vous ai entendu parler de « guerre civile » de « couleur d’étoile » allant jusqu’à défiler aux côtés du Front National. J’ai eu votre vomi médiatique sur les pieds pendant des mois. Vous qui avez été administratrice de l’Association Nationale de la Justice Réparatrice ne serez jamais en mesure de réparer ce que vous avez commis. Vous avez banalisé l’homophobie et le rejet des sexualités qui n’étaient pas dans votre norme. Vous avez créé le terreau nécessaire à la haine de l’autre, alors que votre religion prône l’amour et le respect. Vous avez offensé des millions de français, vous avez choqué des millions d’adultes, vous avez rabaissé des millions d’adolescents fragiles, enfermés dans leurs chambres comme moi je l’étais en 1998.
J’ai lutté.

Qu’est-ce que l’homosexualité, sinon l’impossibilité d’un être à pouvoir atteindre l’autre dans sa différence sexuelle ?

Je vous emmerde Christine Boutin.
Toute votre carrière n’a été qu’une suite de propositions sociétales moyenâgeuses. En préférant réagir constamment avec vos émotions, vous dégradez la classe politique. Vous encouragez des manifestions inutiles, refusez de condamner des violences et des débordements quand ils sont le fruit de votre camp et vous permettez de commenter l’actualité en parlant de la même façon que vous pensez. Comme cette remarque à Angelina Jolie que vous accusez de vouloir devenir un homme alors qu’elle raconte, non sans émotion, avoir subi une double mastectomie pour éviter un cancer du sein. Je ne sais pas si vous êtes profondément dénuée de toute intelligence, auquel cas je trouve affligeant que vous ayez occupé de si hautes fonctions, ou, si vous êtes vraiment capable de comprendre la portée de ce que vous racontez, auquel cas je trouve affligeant que vous ayez occupé de si hautes fonctions.
J’espère que vous n’aurez plus jamais de mandat électoral. J’espère que les français auront compris la dangerosité des personnes comme vous, dont le seul mérite par rapport à vos collègues est de ne jamais avoir été condamnée. Parce que vous êtes exactement l’opposé de ce que vous déclarez être. Vous n’êtes pas une chrétienne, sans quoi vous défendriez l’égalité des êtres et le respect de chacun. Vous n’êtes pas non plus une humaniste puisque vous refusez la liberté de chacun et la capacité des Hommes à faire leurs propres choix en imposant les vôtres. Vous n’êtes que la continuité de mouvements intégristes religieux.
Et nous les vaincrons.

On construit l’avenir sur la force de son Histoire.

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