L'endroit que je vous présente, je l'ai découvert en 1983, j'avais 15 ans (oups). Je suis tombé par hasard sur cet article qui avait pour titre :
"Sous Palerme, j'ai vu des morts presque vivants".
Cet article ne m'a pas traumatisé, bien au contraire, il m'a fasciné. A sa lecture, je me suis dit : "Un jour, j'irais les voir en vrai." et c'est ce que j'ai pu faire au début des années 2000, lors de deux séjours à Palerme.
Allez voir cet endroit, vous serez transporté dans un lieu hors du temps où règne une atmosphère étrange et paisible. Ce lieu unique au monde est à ne pas rater.
Les catacombes sont dans un couvent de moines Capucins.
Quand vous vous rendez du centre ville de Palerme à Monréale (A Monréale, se trouve certainement l'une des plus belles cathédrales du XIIème siècle, assurément la 8ème merveille du monde), immédiatement après avoir passé la "Porta Nuova", vous vous trouverez au carrefour de la rue Pindemonte et du cours Calatafimi où un panneau de signalisation indique "Catacombes des Capucins". Après avoir descendu la rue Pindemonte, vous trouverez la Place Capuccini où se trouve l'entrée des Catacombes.
Lorsque nous sommes arrivés, nous avons été accueillis par 2 moines Capucins, le premier, 2 mètres, large comme un pilier de Rugby, le second, 1 petit mètre 50, tout mince... La première chose qu'ils vous disent :
Et vu le regard des deux moines, vous obéissez...
Frère Silvestro da Gubbio
Mort le 16 octobre 1599
Les catacombes sont divisées en plusieurs couloirs, celui des hommes, des femmes, des prêtres, des frères et des professions libérales.
Et sur les côtés, plusieurs petites salles, celles des enfants, des vierges et des nubiles.
Mais l'endroit le plus "spectaculaire" est la petite chapelle de Rosalia Lombardo. Vous vous retrouverez à cet endroit en présence d'un vrai "miracle". Dans les années 1920, la dépouille embaumée de la petite Rosalia Lombardo - 2 ans - fut placé dans les Catacombes.
Malheureusement le médecin qui embauma Rosalia Lombardo, le professeur Alfredo Salafia emporta sa 'formule magique' avec lui dans sa propre tombe.
Un visage rond, entouré des cheveux frisés et blonds... C'est comme ça que la petite Rosalia Lombardo se présente à ses nombreux admirateurs, depuis qu'Alfredo Salafia, embaumeur italien reconnu, a utilisé un système de conservation unique dans son genre. Il a utilisé une formule secrète qui était considérée comme perdue à tout jamais. En fait la légende raconte qu'il avait emporté le secret de la formule avec lui dans la tombe.
En réalité Salafia, né à Palerme, avait expérimenté sa méthode depuis 1901. En 1933 une attaque cérébrale a interrompu brutalement ses expériences avant qu'il ne puisse les partager avec le monde scientifique.
La légende raconte que la sœur jumelle de Rosalia est venue la voir tous les jours.
Ce cimetière tout particulier a été chanté par Ippolito Pindemonte qui le visita le 2 novembre 1777 et s'en inspira pour son chant "I Sepolcri". C'est pour cela que la Mairie de Palerme donna son nom à la rue qui va du cours Calatafimi au couvent et donc aux Catacombes des Capucins.
"Mais là-bas quelque chose de plus admirable et de plus puissant
m'apparut : de spacieuse et sombres salles souterraines qu'entourent, dans leur niche,
comme des fantômes rigides, des corps privés de leur âmes, couverts encore des vêtements
que l'on vit au moment de l'heure suprême,
suer leurs muscles morts et sur leur peau
l'art a tant travaillé, si bien éliminé tout souffle de vie
que leurs apparences anciennes et même leur chair ont conservé leur physionomie après cent ans et plus.
La mort les conserve et semble de cette façon ne pas avoir atteint son but.
Quand la chute des feuilles de l'automne nous annonce chaque année
que non moins souvent des vies humaines tombent
et nous invite à verser de pieuse marmes sur les défunts,
alors descend dans les cloîtres souterrains une foule dévote ;
du haut pendent des lampes à plusieurs touches ;
chacun se tourne vers le corps chéri et sur les visages émaciés
cherche et trouve les aspects connus :
le fils, l'ami, le frère trouve le frère, l'ami, le père ;
des flambeaux la lumière frappe en tremblant les visages qui,
oublieux de la Parque semblent agiter leurs fibres raidies.
O que de souvenir des douleurs communes, des plaisirs partagés !
Quelle vie joyeuse dans les années qui ont si vite passé !
En même temps un soupir s'élève, un long sanglot intime, une plainte à peine étouffé
qui s'étend sous les arcs, à travers les salles résonnantes et auxquels
il semble que ces corps froids répondent : un bref passage
sépare les deux mondes et jamais
ne furent si unies d'amitié."
D'après "I Sépolcri" di Ippolito Pindemonte.
Photos :
Cartes postales vendues au Couvent
Remy Armandh