Je
croyais que le plus insupportable c'était de voir la manif pour tous
défiler dans la rue, dans ma rue, ou encore cette libération de la
parole LGBTphobe. En fait il n'en est rien.
- Entendre des gays dire que la bisexualité n'existe pas, parce qu'après tout la bisexualité c'est juste une mode ou des gays qui n'assument pas...
- Voir des hétéros avoir plus de facilité à participer et défendre la gaypride, sans même connaître les raisons de son existence, que certains gays parce qu'après tout ce n'est qu'un vulgaire carnaval dont on doit avoir honte et où l'on ne s'y reconnaît pas..
- Voir des gays ne pas défendre mais au contraire culpabiliser et enfoncer d'autres gays victimes de discrimination, agression, viol... parce qu'après tout ils l'ont bien cherché, ils n'ont qu'à ne pas être efféminés ou tomber amoureux de la mauvaise personne...
- Voir des gays qui trouvent normal de devoir mentir sur leur orientation sexuelle lorsqu'ils vont donner leur sang parce qu'après tout ça ne regarde personne et que la question posée dans le questionnaire est juste là pour faire jolie..
- Voir des gays qui se marient avec leur compagnon mais qui continuent de voter pour des gens qui veulent abroger la loi sur le mariage pour tous et créer ainsi une discrimination entre ceux qui seront mariés et ceux qui ne pourront plus se marier..
- Voir des gays qui ne comprennent pas que pour pouvoir vivre leur vie paisible, aussi discrète qu'elle puisse être (c'est à dire être en couple ou enchaîner les plans cul ou les virées dans les backrooms), c'est parce que des militant-e-s se sont battus et se battent toujours pour eux et leurs droits...
- Voir ainsi des gays qui ignorent que leur vie paisible d'aujourd'hui est issue d'une lutte (ou de luttes) tout comme la lutte contre l'esclavage, la lutte pour l'émancipation des femmes...
- Voir des gays qui oublient le passage souvent difficile et/ou douloureux du coming out (le leur ou celui de leurs ami-e-s) et se permettent de juger avec beaucoup de liberté les militant-e-s qui continuent de lutter pour leur bien-être parce qu'après tout c'est bien connu ces militant-e-s n'ont pas de vie et adorent faire chier le monde...
- Voir des gays délibérément ignorer que les jeunes gays de 15 à 24 ans ont 15 fois plus de risques selon certaines études de se suicider qu'un jeune hétéro du même âge à cause de l'homophobie subie à l'école, au sport, dans la rue, sur internet, ou au sein de leur famille parce tout s'est toujours bien passé pour eux et que "tapette", "tarlouze", "fiotte"... ne sont pas des termes homophobes et sexistes mais juste un jeu verbal que personne ne subit...
- Connaître des gays qui ignorent ce que c'est que d'héberger un ami jeter à la rue par ses parents après son coming out, ou qui n'ont pas été en pleurs après une rencontre avec la mère d'un ami qui voulait l'envoyer le lendemain dans un autre pays pour qu'il se marie et lui fasse des petits-enfants au plus vite après qu'il lui ait fait son coming out...
- Voir des gays qui ne comprennent pas le mot LGBT et qui se font de grosses illusions sur ce que cet acronyme veut dire, un peu comme les gens de la Manif pour tous qui pensent qu'il s'agit d'un terme politique et qui croient en l'existence des petits bonshommes verts appelés "les inter-LGBT" membres de la secte "la LGBT"... Un peu de pédagogie ? Allez, c'est d'accord ! Je suis un militant LGBT, entendez militant pour les droits des personnes Lesbiennes, Gays, Bi et Trans.
Voir des gays qui ignorent que la lutte contre les LGBTphobies passe par la visibilité.
Ces gays on les reconnaît facilement, c'est ceux qui parlent de "sexualité" plutôt que "d'orientation sexuelle" ou ceux qui trouveront tout simplement que j'ai trop employé le mot "gay" dans ce statut ce qui révèle une certaine homophobie intériorisée.
Il y a de l'espoir tout de même.
Je suis bien passé de gay homophobe en mode autodéfense à défenseur des droits des personnes LGBT. Je ne suis pas le seul gay à être passé par des moments de rejet, dégoût ou haine des gays ou du militantisme LGBT. Regardez où j'en suis aujourd'hui !
La clé de l'émancipation, de l'affirmation et de la plénitude : l'échange et la culture. Culture dans le sens s'informer pour pallier à son ignorance : qu'est-ce que la gaypride, l'homophobie c'est quoi, quelle est la situation des LGBT en Ouganda, en Russie,... Et peut-être qu'après, lire 24 fois le mot "gay" dans le même texte ne sera plus vécu comme une torture ou une honte.
Ces gays on les reconnaît facilement, c'est ceux qui parlent de "sexualité" plutôt que "d'orientation sexuelle" ou ceux qui trouveront tout simplement que j'ai trop employé le mot "gay" dans ce statut ce qui révèle une certaine homophobie intériorisée.
Il y a de l'espoir tout de même.
Je suis bien passé de gay homophobe en mode autodéfense à défenseur des droits des personnes LGBT. Je ne suis pas le seul gay à être passé par des moments de rejet, dégoût ou haine des gays ou du militantisme LGBT. Regardez où j'en suis aujourd'hui !
La clé de l'émancipation, de l'affirmation et de la plénitude : l'échange et la culture. Culture dans le sens s'informer pour pallier à son ignorance : qu'est-ce que la gaypride, l'homophobie c'est quoi, quelle est la situation des LGBT en Ouganda, en Russie,... Et peut-être qu'après, lire 24 fois le mot "gay" dans le même texte ne sera plus vécu comme une torture ou une honte.
Merci Gary pour ce texte qui dit tout et le dit bien...
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